Ce blog est un laboratoire à ciel ouvert. Vous y trouverez des textes, articles et notes de lectures sur la poésie d'aujourd'hui. Succédant à « Poebzine » (2010-2016), il poursuit la belle aventure du feu.
samedi 29 juillet 2017
Thierry Metz (1956-1997), la simplicité et la gravité blessée
Je n'ai jamais écrit sur Thierry Metz. C'est à la fois douloureux et bouleversant pour moi. Son écriture attaque l'os de l'essentiel et me remue terriblement, au-delà des mots. Cette écriture, sensible et affûtée, m'apparaît humble et étrangement familière, en même temps, à chacune de mes lectures ; ce depuis que j'ai découvert en 1993 ou 94 son Journal d'un manœuvre, d'abord interpellé par la préface de Jean Grosjean, avant d'avoir été happé par ce puissant récit à l'écriture dépouillée et lumineuse, un lundi soir, dans une librairie, jusqu'à la fermeture de l'enseigne.
En juin dernier, Cécile Odartchenko a eu l'excellente idée de publier une monographie consacrée à Thierry Metz, accompagnée d'un choix de textes aux éditions des Vanneaux dans sa précieuse collection « Présence de la Poésie »*.
Cette approche de l’œuvre a été rédigée par le jeune poète, Cédric Le Penven, écrivain lui-même de l'introspection, qui était tout trouvé pour éclairer, avec une juste acuité, l’œuvre si singulière et poignante du regretté Thierry Metz.
Un jour d'avril 1997, ce poète - douloureux et merveilleux - a décidé, trop tôt, de nous fausser compagnie, ravagé par une disparition tragique dont il ne s'était jamais réellement remis, malgré plusieurs séjours en maison de soin, et que l'exercice quotidien de l'écriture ne lui a pas permis non plus, hélas, de surmonter.
Pour nous consoler, il nous reste à relire indéfiniment cette œuvre unique et singulière qui sera, j'en suis sûr, sans cesse redécouverte !
Je ne sais
comment j'arrive à me suivre
à m'entendre
à racler le peu qui me reste.
Je n'irais pas loin
si je n'emportais pas sa voix
si je n'avais pas ce ruisseau
de sa main
sur la mienne.
Ce que je retrouve le soir
détourné par un baiser.
*
Thierry Metz, Tel que c'est écrit, L'Arrière-Pays, 2012.
À signaler également :
L'homme qui penche (journal), Thierry Metz, éd. Unes, nouv. parution mai 2017, 19 €.
Poésies 1978-1997, inédits parus en revue, Thierry Metz, Pierre Mainard, juin 2017, 18 €.
* 18 titres de Poètes d'Aujourd'hui y sont parus à ce jour.
lundi 24 juillet 2017
Jacques Prévert (1900-1977)
Le Progrès :
Trop robot pour être vrai.
*
La liberté est toujours en vérité provisoire.
La liberté est toujours en vérité provisoire.
*
Jérusalem.
J’ai rusé l'âme.
J’ai rusé l'âme.
*
Bien souvent, le lâche
demande aux autres le courage de ses opinions.
*
Plus on aide le fou, plus
il rit.
*
Dans chaque église, il y a
toujours quelque chose qui cloche.
*
samedi 22 juillet 2017
Streets d'Ėric Dejaeger
Éric Dejaeger (© Éric Allard) |
Le 12 juillet dernier, dans un bar de Bray-Dunes où je m'étais réfugié pour m'abriter d'une tempête de sable, j'ai passé un chouette moment en parcourant, avec gourmandise et gaieté, les 99 rues citadines de ce livre, plus loufoques les unes que les autres !
En lisant Ėric Dejaeger, on n'est jamais bien loin de l'esprit des meilleurs surréalistes belges comme Achille Chavée, Marcel Mariën ou Louis Scutenaire.
J'y ai aussi retrouvé une certaine cocasserie insolite, mâtinée de fantastique, qui m'a fait songer, par instants, à Marcel Béalu.
Ėric Dejaeger est un poète bourré d'imagination, qui, depuis sa retraite toute neuve, semble vouloir démultiplier les facéties, tout comme le rythme de ses publications.
Mais, à y regarder de plus près, on s'aperçoit que l'humour de cet auteur cache aussi parfois, sous ses airs potaches, une profonde sagesse qui devrait être remboursée par la Sécurité sociale !
Ėd. Gros Textes Fonfourane 05380 Châteauroux-les-Alpes 04 92 43 23 03 ; gros.textes@laposte.net
ISBN : 978-2-35082-330-0, 112 pages, 10 € (+ 2 € de port) ; couverture et illustrations du recueil Jean-Paul Verstraeten.
2 extraits :
70 th STREET
Bien qu'officiellement annoncée
la fermeture définitive
de la Rue aux Moustiques
a été reportée
suite à une pétition
signée par tous les masochistes
et les membres de la SPA
de la ville.
62 nd STREET
Un phénomène étonnant
qui attire la grande foule
se produit
depuis quelques jours
Rue aux Anges :
des milliers de plumes
volètent dans l'air
avant de tapisser
bitume et trottoirs.
On pense immédiatement
au film Michael.
La municipalité se montre
impuissante
sauf pour bientôt
rebaptiser l'endroit
Rue aux Anges Défunts.
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