Le
Castor Astral, Poésie, collection Poche
Février 2021
9 Euros
C’est la
confirmation-consécration pour Thomas Vinau. Je n’en doutais pas une seule
seconde depuis que j’ai rencontré son écriture en 2009. J’allais dire enfin.
Les poètes de sa génération en étaient à peu près toutes et tous convaincus.
Il
n’était pas besoin que les magazines littéraires nous l’apprennent mais, pour
le marteler au plus grand nombre, c’est beaucoup mieux et nécessaire pour
exister vraiment en poésie !
« Sa poésie
est absolument essentielle, surprenante, imprévisible, inattendue. » Le Figaro
« Thomas
Vinau est devenu une référence dans ce qu’on pourrait appeler une poésie
« du réel », simple et accessible. » Lire
/ Le Magazine littéraire
Je revois
Thomas à ses débuts : discret, un poil sauvageon, l’œil aux aguets, mais
attentionné et attentif aux autres, « un barbare au cœur pur » comme
il l’écrit lui-même avec surtout ce besoin d’écriture chevillé au
cœur et aux tripes… qu’il distillait d’ailleurs chaque jour sur plusieurs
blogs. Il transpirait déjà la poésie par tous les pores de sa peau. Deux grands
aînés lui avaient alors tendu la main, décelant déjà ce que promettait la plume
du jeune poète : Pierre Autin-Grenier et Jean-Claude Pirotte.
Des petits et microéditeurs ainsi que des revues lui avaient emboîté le pas :
microbe, Décharge, La Nuit Myrtide, les éditions Cousu main, Ficelle, La Pointe
sarène, Gros Textes, les Carnets du Dessert de Lune, le Pédalo ivre… puis des
éditeurs plus conséquents : Alma éditeur et enfin Le Castor Astral…
Je suis content pour lui. Il le mérite. Il a toujours eu une production
impressionnante, ce depuis le début. Cela me souffle encore aujourd’hui. Mais les
chantiers d’écriture de Thomas Vinau se sont aussi diversifiés, prenant de
l’ampleur puisque même si le terreau de sa poésie s’appuie toujours sur
« l’éphémère du quotidien », l'auteur y a aussi davantage ajouté de la fantaisie
et de la singularité qui ont contribué à faire décoller le « petit ordinaire »
de nos existences.
Thomas a aussi su cheminer dans les livres en prenant le meilleur des poètes :
Brautigan, De Cornière, Carver, Perros, Rick Bass, Guillevic… en le digérant et
en le réinsufflant, avec sa sensibilité propre, dans ses propres textes.
C’est aussi ça tout l’art d’un poète : celui de nous ouvrir à toute autre
chose qu’à son petit moi subjectif, à ouvrir notre cœur étriqué, jusqu’à nous faire
rebondir dans le cœur d’autres « clochards célestes » merveilleux, que
Thomas Vinau affectionne et qui l’ont conforté et accompagné, lui-même, dans
son itinéraire poétique.
Quand un
poète entre en poche, on dit qu’il devient déjà un classique ! Mais je
suis sûr que cela ne changera absolument rien pour Thomas Vinau. Sa poésie
était déjà là en lui, dès le début, comme une simple évidence. Elle rayonnait aussi
autour de lui dans sa cosmogonie quotidienne : la lumière du Sud, la
nature inviolée, sa douce et « pépite » compagne, leur marmaille espiègle,
son potager et petites bêtes, la bouille de son grand chien tendre et sa
caverne de livres où il largue les amarres, chaque jour, pour débusquer à l’aube,
comme « un braconnier » ou « un pêcheur de pierres », les
petites notes fugitives du poème. Celles qui l’aident à reprendre souffle et à « boire
l’alcool gris du ciel », à mordre le monde à pleines dents et « à
cueillir le soleil comme un abricot. »…
Un extrait :
Amortisseurs
Le pigeon sur les tuiles chaudes
la porte grande ouverte
les parfums mélangés
contradictoires
du bouquet de jacinthes
et de la tarte au poulpe
qui rougit dans le four
cette minuscule incongruité
presque tendre
qui amortit en un instant
la tornade brûlante
du grand bordel autour
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Etc-iste, le blog principal de Thomas Vinau