jeudi 11 mars 2021

J’espère qu’elle lira ce poème… #7

carnet
Elle s’appelait Laure
je ne me souviens plus du tout
d’elle sinon qu’elle était de Montpellier
elle était douce et discrète (avec
des yeux couleur de jais)
me souriait avec parcimonie
me rassérénait même parfois
sans le savoir
l’année précédente elle était
sortie avec un de mes potes
Jean-Marc Pottier
de Coudekerque/Branche
je pense qu’on s’aimait bien
sans oser se le dire
je pense que j’ai loupé
le coche comme on dit
surtout quand je me suis
retrouvé, seul avec elle,
dans la grande tente de camping
familiale
d’un ami dont les parents
étaient partis ailleurs
boire l’apéro chez les voisins
d’autres dunkerquois
du camping sans doute
nous étions intimidés
tous les deux ce jour-là
n’avions pas apprécié
non plus qu’on tâche
de nous forcer la main
comme si on avait voulu nous
voler ce moment
précieux
où la douceur d’être ensemble
nous suffisait
j’ai gardé ses nom-prénom
dans un petit carnet
déchiré par le temps
(c’est dire qu’elle a dû
compter, elle aussi)
et cette page-là, pourtant, depuis,
a disparu
mais son souvenir, lui, s’est accroché
obstinément,
beau et impérissable,
au-delà de ce vieux carnet défraîchi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire