vendredi 24 septembre 2021

Cécile Coulon torpillée par Frédéric Beigbeder dans le Figaro...

Frédéric-Beigbeder

Publier, c'est s'exposer à la critique. En matière littéraire, elle est hélas devenue trop souvent consensuelle. J'ai de plus en plus l'impression, surtout en poésie, que la plupart des journalistes de presse écrite ne lisent que la quatrième de couverture et le courrier de promotion accompagnant les ouvrages reçus en Service de Presse.
À de trop rares exceptions tels Stéphane Bataillon ou Guillaume Lecaplain, ils ne connaissent à peu près rien à la poésie d'hier et d'aujourd'hui.

Dès novembre 2018, j'avais écrit sur ce blog le billet d'humeur suivant :
« Cécile Coulon, Prix Apollinaire 2018 : j'en tombe à la renverse. »

J'avais été un des seuls, à l'époque, dans le petit milieu de la poésie, à m'ériger contre ce prix remis à Cécile Coulon, pour la simple et bonne raison que le recueil en question (Les Ronces) me paraissait assez moyen et les poèmes de qualité inégale pour un des prix les plus importants qui couronne, chaque année, depuis 1985, le Goncourt de la Poésie.

J’avais écrit ce post en moins de dix minutes. Je n'avais pas eu envie non plus d'avoir la dent trop dure envers la « jeune » poétesse de 26 ans, ni de perdre un temps précieux à élaborer une longue critique plus argumentée.

Jusqu'ici, j’avais toujours préféré me taire et défendre les bons poètes, en revues comme sur Internet, ce depuis 2001. Ensuite, au milieu des années 2000, je me suis aussi intéressé aux poètes de la nouvelle génération dont la plupart m’ont enthousiasmé en leur consacrant parfois même plusieurs articles : Amandine Marembert, Sophie G. Lucas, Claire Malroux, Thomas Vinau (publié depuis en Poche poésie), Jean Marc Flahaut, Christophe Esnault, Christophe Siébert (publié depuis au Diable Vauvert), Marlène Tissot, Grégoire Damon (publié depuis chez Buchet-Chastel), Simon Allonneau, Emanuel Campo, Sammy Sapin, Marc Guimo, Perrin Langda , Guillaume Siaudeau, Thierry Roquet, Thierry Radière (publié depuis aux éditions de La Table Ronde), Frédérick Houdaer (publié depuis au Dilettante), Samantha Barendson (publiée depuis chez Jean-Claude Lattès), Heptanes Fraxion, Florentine Rey

Suite à mon petit post agacé, un article du jeune journaliste, Thomas Deslogis, «Poésie française, ton univers impitoyable » avait paru sur Slate.fr, où celui-ci avait quelque peu caricaturé mon propos. Il venait alors à la rescousse de la poétesse télégénique, dont il était proche.
Vive la neutralité de la presse !

Je n'ai jamais demandé un droit de réponse au journal en ligne. J’aurais pu.
Par contre, j'ai répondu en privé à Thomas Deslogis pour lui expliquer clairement ma position et le pourquoi de ce billet qu’il jugeait « aigre » quand je le trouvais au contraire totalement justifié.

Aujourd’hui, c'est au tour du romancier et critique, Frédéric Beigbeder, de ne plus mâcher ses mots et d'enfoncer le clou dans un court article extrait du Figaro au sujet de Cécile Coulon en écrivant clairement qu’il y a « tromperie sur la poétesse », alors qu’elle est pourtant invitée partout depuis quatre ans pour parler de la poésie sur tous les plateaux télé (qui n’y connaissent évidemment strictement rien non plus en ce domaine) et malgré le fait aussi qu’elle ait également vendu (on me rétorquera) plus de 10 000 exemplaires de son recueil, Les Ronces, auprès du grand public.

Ce à quoi je peux aisément répliquer que, quand on possède la puissance de feu d'un éditeur de poésie comme le Castor Astral, on peut facilement faire monter un auteur au firmament de l'édition poétique, en plaçant son livre bien en évidence avec le bandeau du « Prix Apollinaire 2018 » en tête de gondole de tous les rayons poésie des librairies de France et de Navarre.
Ce que tous les éditeurs de poésie feraient bien évidemment en pareil cas : il ne faut pas non plus être dupe !

« Plus de 10 000 exemplaires vendus en poésie, Monsieur, c'est tout de même incroyable... ça prouve que son recueil plaît au plus grand nombre ! »

- « Et alors ? Qu’est-ce que cela prouve ? » Sinon qu’en poésie, elle est un peu l’équivalent d'un Guillaume Musso en littérature. À chacun son trip poétique...

Depuis novembre 2018, j’ai écrit que ce n’était pas le mien. Et que plein d’autres auteurs et autrices méconnus du vieux jury de l’Apollinaire auraient déjà  avoir droit au chapitre.

Rien de plus, rien de moins. « Le petit poète » (et chroniqueur amateur) que je suis - pour parodier le titre d’un bon petit ouvrage de Roland Bacri, ex-poète au Canard Enchaîné - n’est pas mécontent d’être enfin rejoint par l’avis cinglant de ce grand Monsieur, écrivain, critique et fin connaisseur du Monde des Lettres, et notamment de la littérature américaine.

lundi 6 septembre 2021