Le
week-end dernier
(dans le métro)
je me suis retrouvé face
à un psychotique
dès que j’ai croisé son regard
j’ai baissé la tête
en restant sur mes gardes
quand il est descendu
trois stations plus loin
j’ai vu ses pieds s’avancer vers moi
puis il m’a bousculé violemment
avant de descendre du métro
ce soir
(à nouveau) dans le métro
Un type au regard vague
s’adresse à moi :
je ne sais pas ce qu’elle m’a donné
cette copine comme cannabis
mais elle aurait pas dû
me faire ça à moi
ce n’était pas du cannabis en plus
c’était autre chose
elle aurait pas dû
me faire ça à moi
J’étais riche moi avant
vous savez
j’ai connu la richesse
Hé ouais
c’est plus profond qu’on pense
ce que j’dis
il faudrait m’écouter
(il hurle)
(les gens quittent le compartiment)
Hé, Monsieur, j’ai le diable en moi
vous savez
(il dit)
en triturant frénétiquement quelque chose
au fond de la poche de son blouson
avant de descendre juste après.
J’vous ai fait peur, hein, Monsieur ?
Bonsoir Monsieur !
Ce blog est un laboratoire à ciel ouvert. Vous y trouverez des textes, articles et notes de lectures sur la poésie d'aujourd'hui. Succédant à « Poebzine » (2010-2016), il poursuit la belle aventure du feu.
jeudi 24 septembre 2020
Scène d’avant le confinement
dimanche 20 septembre 2020
La patience des buffles sous la pluie de David Thomas
Le livre de Poche, n°31716, 2011
7,20 Euros
Né en 1966, David Thomas est un ancien journaliste qui se consacre aujourd'hui à l'écriture. Il excelle dans l'art de la micro nouvelle. Des textes directs, acides, sans concession, sur le monde et sur lui-même.
En le découvrant l'an dernier, j'ai tout de suite songé aux premières nouvelles du même acabit de Jean-Paul Dubois : Parfois je ris tout seul ou Vous aurez de mes nouvelles. Pas étonnant qu'il ait signé la préface de son premier livre !
16 224 minutes
Trois fois par semaine je vais prendre ma femme dans le centre-ville en rentrant du boulot. Elle sort plus tôt que moi et elle en profite toujours pour voir ses copines ou faire des courses.
Ma femme n'est jamais arrivée une seule fois à l'heure à ces rendez-vous. À chaque fois, elle me fait poireauter entre dix et quinze minutes. J'ai fait le calcul, depuis que nous sommes ensemble, j'ai attendu ma femme 16 224 minutes. Un soir je suis arrivé au rendez-vous pile à l'heure, comme à mon habitude, et comme c'était à prévoir, elle n'était pas là. Alors, je suis parti. Je suis rentré onze jours, six heures et vingt-quatre minutes plus tard. On est quittes.
lundi 14 septembre 2020
48 ans et 362 jours
près des champs de blé
j’étais en paix
pour la premier fois depuis
longtemps avec moi-même
je me suis rendu à la poste
qui était fermée
ou plutôt jamais ouverte
aux heures où je pourrais la fréquenter
et alors rien de grave
je suis rentré chez moi
par la même petite route
ensoleillée qui descend vers chez moi
(et non pas vers la mer)
j’habite entre la rue Jacques Prévert
la rue du cimetière
et la rue Pierre de Ronsard
ça pourrait être pire pour un poète
ça pourrait être mieux aussi
j’ai volé dix minutes à mon travail alimentaire
j’ai l’impression surtout d’avoir repris possession
de ma vie
l’impression de renaître aussi
à quelque chose de pur
à quelque chose de vrai
d’immaculé
de pas pollué de pas corrompu
de pas compromis
je perds ma vie à la gagner bien sûr
mais aujourd’hui c’est moi qui ai gagné.
lundi 7 septembre 2020
Pierre Tilman né en 1944
(© Photo F-X Farine - octobre 2018) |
LE PRIX DES LOYERS
à la question