éditions Bruno Doucey
septembre 2018
14 Euros
Une belle surprise aux éditions Bruno Doucey avec ce recueil d'un poète né en 1980 à Genève, d'un père italien et d'une mère suissesse. Mais le curriculum vitae d'un poète n'est pas essentiel.
Quand un recueil est bon et suffisamment original, ce n'est pas la peine d'en faire des tonnes.
Un extrait p. 40 :
Déluge
J'aimais quand le ballon était lourd. Il fallait,
pour le soulever, être Suédois, jouer
à la Roma ou à l'AIK Stockholm, s'appeler
Gunnar, ou Lennart, Nils. Certains jours de pluie,
le ballon, avance de franchir la ligne, mettait des siècles,
striés d'éclairs. Herbe lisse, bêtes furtives, la caméra
a de la peine à les suivre lorsqu'ils sculptent
leurs merveilles comme on creuse une galerie,
le trésor de leurs buts, comme un grand coffre
s'ouvre en grinçant. Déluge sur Rome,
diamant au front d'une reine, Suédoise
aux yeux verts, Venise, Ravenne, une fleur
de boue sur la poitrine, frappée d'un lys.
Plus près de la glaise, l'homme
fantomatique, joues creuses, lentement
se lève, le monde léger sachet de graines
à sa ceinture, quand il sort
Ce blog est un laboratoire à ciel ouvert. Vous y trouverez des textes, articles et notes de lectures sur la poésie d'aujourd'hui. Succédant à « Poebzine » (2010-2016), il poursuit la belle aventure du feu.
mardi 27 novembre 2018
samedi 17 novembre 2018
Un excellent début d'après-midi depuis bien longtemps
même après trois relectures depuis la parution des livres de 2 gus...
Quant au « roman » de NatYot, je suis en cours.
jeudi 15 novembre 2018
Collection « Paroles d’artiste »
Fage éditions, 2014 à ….
6,50 Euros, le titre
C’est une petite collection très abordable qui ne paye pas de mine consacrée à l’Art contemporain, mais pas exclusivement. Chaque livret fait « dialoguer les propos ou les écrits d’un artiste avec son œuvre » et nous ouvre à l’intimité créatrice de chacun.
Près de 80 petits ouvrages ont déjà été publiés : Frida Kahlo, Gérard Fromanger, Robert Mallet-Stevens, Pierre Soulages, Hervé Di Rosa, César, Jean Dubuffet ou Henri Matisse…
Quelques prochains titres : Alfred Manessier, Joan Miro, Zao Wou-Ki, Robert Frank (photographe d'origine suisse) et Stanley Greene (photojournaliste américain).
Une très jolie découverte !
6,50 Euros, le titre
C’est une petite collection très abordable qui ne paye pas de mine consacrée à l’Art contemporain, mais pas exclusivement. Chaque livret fait « dialoguer les propos ou les écrits d’un artiste avec son œuvre » et nous ouvre à l’intimité créatrice de chacun.
Près de 80 petits ouvrages ont déjà été publiés : Frida Kahlo, Gérard Fromanger, Robert Mallet-Stevens, Pierre Soulages, Hervé Di Rosa, César, Jean Dubuffet ou Henri Matisse…
Quelques prochains titres : Alfred Manessier, Joan Miro, Zao Wou-Ki, Robert Frank (photographe d'origine suisse) et Stanley Greene (photojournaliste américain).
Une très jolie découverte !
lundi 12 novembre 2018
Cécile Coulon, Prix Apollinaire 2018 : j’en tombe à la renverse !
« Son premier recueil de poèmes, les ronces (publié au Castor Astral) a fait l'unanimité, et vient d'être récompensé par le prestigieux Prix Apollinaire. » lit-on en préambule sur le podcast qui lui est consacrée sur France Inter.
Quand je vois écrites des choses comme cela, de bon matin, je suis extrêmement dégoûté bien que je sache que cette accroche réponde avant tout à un éclairage ou à un bon plan « médias ».
J’ai lu ce livre de poésie « classico-lyrique », dès sa sortie, et franchement, pour parodier l’ami l’Anselme, « ça ne casse pas trois pattes à un canard », excepté les quelques premiers longs textes du recueil comme « J’aimerais vous offrir des frites » ou « L’appartement »…
Mais, forcément, quand on est publié au Castor Astral, on est plus en vue que Tartempion publié jadis chez l’ex-dé bleu, Gros Textes, La passe du vent, Les Carnets des Desserts de Lune, La rumeur libre ou au Pédalo ivre… Surtout, on a plus de puissance de feu pour arroser 90 % des librairies (qui ne connaissent à peu près rien à la poésie d’aujourd’hui), même avec des textes d’une confondante platitude.
Et, bien que ce soit le premier recueil de cette jeune poétesse, née en 1990 (ce qui n’excuse rien, bien au contraire), l’auteure n’hésite pas, parfois, hélas, dans ses textes, à enfiler des clichés poétiques comme des grosses perles…
Un extrait parmi d’autres :
LA PARTIE
Il y a des jours comme ça
où je me demande si
la partie est terminée
ou si, au contraire,
elle vient juste de commencer.
Aujourd’hui est un de ces jours-là
sauf qu’il dure depuis dix ans,
déjà.
Je commence à trouver le temps
long.
En plus de ça, depuis ce matin
je me demande si un poème
est le début, ou la fin
d’un énième chapitre.
J’en suis arrivée à la conclusion suivante :
un poème c’est quelque chose
d’éphémère et joli
comme la signature d’un doigt
sur la buée d’une vitre.
Si Cécile Coulon avait envoyé ce recueil aux éditions Gallimard en des temps beaucoup plus reculés, Claude Roy lui aurait sans doute répondu :
« Si la poésie s’enchaîne sur d’infinis clichés, le lecteur en est fatalement hérissé. Cela empêche de prendre garde aux comparaison plus originales. C’est vraiment dommage ! »
Si le Castor Astral éditeur a publié, depuis les années 70, des tas de bons poètes : Daniel Biga, Marc Villard, Claude Pélieu, Daniel Fano, Marc Alyn, Patrice Delbourg, François de Cornière, Brautigan, Tranströmer, Zéno Bianu, Serge Pey, Marie-Claire Bancquart, Ariane Dreyfus et plus récemment Denis Grozdanovitch et Thomas Vinau… je ne doute pas que, cette fois, il vende malgré tout quantités de ronces. Comme tout bon éditeur, il a déjà su tirer parti de la notoriété que cette auteure a préalablement obtenue dans le domaine du roman, où elle a publié précocement, dès l’âge de 16 ans, ainsi que, depuis quelques temps, sur les réseaux sociaux, où sa poésie a suscité de l’intérêt.
Le Prix Apollinaire devient-il un prix à Paul inerte ?
Il y a, selon moi, d’autres ouvrages de poésie qui mériteraient davantage ce Prix Apollinaire 2018. De nombreux poètes - jeunes eux aussi - qui possèdent une remarquable écriture, percutante, non consensuelle, qui font moins de bruit, et qui n’ont pas non plus un goût immodéré pour les plateaux peoplelolittéraires de François Busnel ou pour l'aventure des réseaux sociaux…
Je me rappelle cette phrase très juste de Jean-Claude Pirotte à l’attention d’un ami, alors jeune poète. Il le mettait précisément en garde contre les facilités liées à l’ère numérique et aux réseaux sociaux, contre cette soif de reconnaissance facile, ce miroir aux alouettes, avec ces fausses gloires préfabriquées ou prématurées :
« P. R., tu veux être une vedette ou un écrivain ? »
Je sais déjà que des poètes amis, des connaissances ou des contradicteurs me reprocheront ce post.
Habituellement, je m’abstiens d’écrire ce genre de billet réprobateur, préférant parler des recueils qui m’ont véritablement enthousiasmé…
Mais, pour le Prix Apollinaire qui signifie quand même le « Goncourt de la Poésie », je ne pouvais pas passer mon désaccord sous silence.
Quand je vois écrites des choses comme cela, de bon matin, je suis extrêmement dégoûté bien que je sache que cette accroche réponde avant tout à un éclairage ou à un bon plan « médias ».
J’ai lu ce livre de poésie « classico-lyrique », dès sa sortie, et franchement, pour parodier l’ami l’Anselme, « ça ne casse pas trois pattes à un canard », excepté les quelques premiers longs textes du recueil comme « J’aimerais vous offrir des frites » ou « L’appartement »…
Mais, forcément, quand on est publié au Castor Astral, on est plus en vue que Tartempion publié jadis chez l’ex-dé bleu, Gros Textes, La passe du vent, Les Carnets des Desserts de Lune, La rumeur libre ou au Pédalo ivre… Surtout, on a plus de puissance de feu pour arroser 90 % des librairies (qui ne connaissent à peu près rien à la poésie d’aujourd’hui), même avec des textes d’une confondante platitude.
Et, bien que ce soit le premier recueil de cette jeune poétesse, née en 1990 (ce qui n’excuse rien, bien au contraire), l’auteure n’hésite pas, parfois, hélas, dans ses textes, à enfiler des clichés poétiques comme des grosses perles…
Un extrait parmi d’autres :
LA PARTIE
Il y a des jours comme ça
où je me demande si
la partie est terminée
ou si, au contraire,
elle vient juste de commencer.
Aujourd’hui est un de ces jours-là
sauf qu’il dure depuis dix ans,
déjà.
Je commence à trouver le temps
long.
En plus de ça, depuis ce matin
je me demande si un poème
est le début, ou la fin
d’un énième chapitre.
J’en suis arrivée à la conclusion suivante :
un poème c’est quelque chose
d’éphémère et joli
comme la signature d’un doigt
sur la buée d’une vitre.
Si Cécile Coulon avait envoyé ce recueil aux éditions Gallimard en des temps beaucoup plus reculés, Claude Roy lui aurait sans doute répondu :
« Si la poésie s’enchaîne sur d’infinis clichés, le lecteur en est fatalement hérissé. Cela empêche de prendre garde aux comparaison plus originales. C’est vraiment dommage ! »
Si le Castor Astral éditeur a publié, depuis les années 70, des tas de bons poètes : Daniel Biga, Marc Villard, Claude Pélieu, Daniel Fano, Marc Alyn, Patrice Delbourg, François de Cornière, Brautigan, Tranströmer, Zéno Bianu, Serge Pey, Marie-Claire Bancquart, Ariane Dreyfus et plus récemment Denis Grozdanovitch et Thomas Vinau… je ne doute pas que, cette fois, il vende malgré tout quantités de ronces. Comme tout bon éditeur, il a déjà su tirer parti de la notoriété que cette auteure a préalablement obtenue dans le domaine du roman, où elle a publié précocement, dès l’âge de 16 ans, ainsi que, depuis quelques temps, sur les réseaux sociaux, où sa poésie a suscité de l’intérêt.
Le Prix Apollinaire devient-il un prix à Paul inerte ?
Il y a, selon moi, d’autres ouvrages de poésie qui mériteraient davantage ce Prix Apollinaire 2018. De nombreux poètes - jeunes eux aussi - qui possèdent une remarquable écriture, percutante, non consensuelle, qui font moins de bruit, et qui n’ont pas non plus un goût immodéré pour les plateaux peoplelolittéraires de François Busnel ou pour l'aventure des réseaux sociaux…
Je me rappelle cette phrase très juste de Jean-Claude Pirotte à l’attention d’un ami, alors jeune poète. Il le mettait précisément en garde contre les facilités liées à l’ère numérique et aux réseaux sociaux, contre cette soif de reconnaissance facile, ce miroir aux alouettes, avec ces fausses gloires préfabriquées ou prématurées :
« P. R., tu veux être une vedette ou un écrivain ? »
Je sais déjà que des poètes amis, des connaissances ou des contradicteurs me reprocheront ce post.
Habituellement, je m’abstiens d’écrire ce genre de billet réprobateur, préférant parler des recueils qui m’ont véritablement enthousiasmé…
Mais, pour le Prix Apollinaire qui signifie quand même le « Goncourt de la Poésie », je ne pouvais pas passer mon désaccord sous silence.
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