vendredi 19 mars 2021

Thomas Vinau : le cœur pur du barbare

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Le Castor Astral, Poésie, collection Poche
Février 2021
9 Euros

C’est la confirmation-consécration pour Thomas Vinau. Je n’en doutais pas une seule seconde depuis que j’ai rencontré son écriture en 2009. J’allais dire enfin. Les poètes de sa génération en étaient à peu près toutes et tous convaincus.
Il n’était pas besoin que les magazines littéraires nous l’apprennent mais, pour le marteler au plus grand nombre, c’est beaucoup mieux et nécessaire pour exister vraiment en poésie !

« Sa poésie est absolument essentielle, surprenante, imprévisible, inattendue. » Le Figaro

« Thomas Vinau est devenu une référence dans ce qu’on pourrait appeler une poésie « du réel », simple et accessible. » Lire / Le Magazine littéraire

Je revois Thomas à ses débuts : discret, un poil sauvageon, l’œil aux aguets, mais attentionné et attentif aux autres, « un barbare au cœur pur » comme il l’écrit lui-même avec surtout ce besoin d’écriture chevillé au cœur et aux tripes… qu’il distillait d’ailleurs chaque jour sur plusieurs blogs. Il transpirait déjà la poésie par tous les pores de sa peau. Deux grands aînés lui avaient alors tendu la main, décelant déjà ce que promettait la plume du jeune poète : Pierre Autin-Grenier et Jean-Claude Pirotte.
Des petits et microéditeurs ainsi que des revues lui avaient emboîté le pas : microbe, Décharge, La Nuit Myrtide, les éditions Cousu main, Ficelle, La Pointe sarène, Gros Textes, les Carnets du Dessert de Lune, le Pédalo ivre… puis des éditeurs plus conséquents : Alma éditeur et enfin Le Castor Astral…

Je suis content pour lui. Il le mérite. Il a toujours eu une production impressionnante, ce depuis le début. Cela me souffle encore aujourd’hui. Mais les chantiers d’écriture de Thomas Vinau se sont aussi diversifiés, prenant de l’ampleur puisque même si le terreau de sa poésie s’appuie toujours sur « l’éphémère du quotidien », l'auteur y a aussi davantage ajouté de la fantaisie et de la singularité qui ont contribué à faire décoller le « petit ordinaire » de nos existences.
Thomas a aussi su cheminer dans les livres en prenant le meilleur des poètes : Brautigan, De Cornière, Carver, Perros, Rick Bass, Guillevic… en le digérant et en le réinsufflant, avec sa sensibilité propre, dans ses propres textes.

C’est aussi ça tout l’art d’un poète : celui de nous ouvrir à toute autre chose qu’à son petit moi subjectif, à ouvrir notre cœur étriqué, jusqu’à nous faire rebondir dans le cœur d’autres « clochards célestes » merveilleux, que Thomas Vinau affectionne et qui l’ont conforté et accompagné, lui-même, dans son itinéraire poétique.

Quand un poète entre en poche, on dit qu’il devient déjà un classique ! Mais je suis sûr que cela ne changera absolument rien pour Thomas Vinau. Sa poésie était déjà là en lui, dès le début, comme une simple évidence. Elle rayonnait aussi autour de lui dans sa cosmogonie quotidienne : la lumière du Sud, la nature inviolée, sa douce et « pépite » compagne, leur marmaille espiègle, son potager et petites bêtes, la bouille de son grand chien tendre et sa caverne de livres où il largue les amarres, chaque jour, pour débusquer à l’aube, comme « un braconnier » ou « un pêcheur de pierres », les petites notes fugitives du poème. Celles qui l’aident à reprendre souffle et à « boire l’alcool gris du ciel », à mordre le monde à pleines dents et « à cueillir le soleil comme un abricot. »…

 Un extrait :

Amortisseurs

Le pigeon sur les tuiles chaudes
la porte grande ouverte
les parfums mélangés
contradictoires
du bouquet de jacinthes
et de la tarte au poulpe
qui rougit dans le four
cette minuscule incongruité
presque tendre
qui amortit en un instant
la tornade brûlante
du grand bordel autour

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Etc-iste, le blog principal de Thomas Vinau

2 commentaires:

  1. bravo c'est très très juste François-Xavier :) dans l'espoir d'inviter à nouveau Thomas dans le Nord et en causer en Vrai :) autour d'une bière !!
    Escales des lettres

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