jeudi 29 août 2019

Quand le poète météore, René Guy Cadou (1920-1951), apparaît dans un film amateur en noir et blanc...


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Au début des années 1990, à la télé, je suis un inconditionnel des émissions littéraires et notamment des portraits de la célèbre collection Un siècle d'écrivains dirigée par le regretté Bernard Rapp. En 1991, à vingt ans, je découvre également le formidable recueil posthume, Hélène ou le Règne Végétal de René Guy Cadou, publié en deux tomes chez Seghers, en 1952 puis en 1953, republié ensuite à maintes reprises. Véritable révélation pour moi !

Une an plus tard, je dévore Poésie la vie entière (Œuvres poétiques complètes) de René Guy Cadou, que je connais sur le bout des doigts, toujours disponible aujourd'hui aux éditions Seghers.

En août 1994, je me rends plus d'une semaine en Loire-Atlantique, avec un ami poète Jean-Louis Cloët, pour rencontrer pendant deux jours Hélène Cadou, veuve de ce merveilleux poète, et visiter tous les lieux cadoucéens  : Châteaubriant, Nantes, Clisson, Louisfert... et même Solesmes où nous croisons une vieille dame, plus que centenaire, qui s'avérera être la veuve du poète Pierre Reverdy...

René Guy Cadou et Max Jacob : une indéfectible amitié épistolaire

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Max Jacob et René Guy Cadou
à Saint-Benoît-sur-Loire,
février 1940.

Avant ses 20 ans, René Guy Cadou, poète précoce qui publia à 16 ans sa première plaquette, Brancardiers de l'aube, sera soutenu par trois poètes aînés : Pierre Reverdy, Jules Supervielle, puis Max Jacob avec lequel il entretiendra une solide correspondance...

Ensuite, je lirai tout ce qui concerne René Guy Cadou : monographie, numéros spéciaux, correspondances diverses, témoignages de ses amis qui firent, de près ou de loin, partie à un moment donné de la belle aventure des Poètes de l'École de Rochefort : Jean Bouhier, Michel Manoll, Marcel Béalu, Luc Bérimont, Jean Rousselot, Roger Toulouse, Julien Lanoë, Hélène Cadou, Michel Ragon, Jean Follain, Jean L'Anselme, Paul Chaulot... C'est de l'ordre de la « Cloclomania », mais pour un poète.

Si bien que lorsque je découvre un soir à la télé, en deuxième partie de soirée, le portrait émouvant du poète, Max Jacob - ami de Picasso, Cocteau, d'Apollinaire et de Modigliani - arrêté par la Gestapo et décédé au Camp de transit de Drancy en 1944, je suis d'autant plus bouleversé de reconnaître sur un film amateur tourné lors des obsèques du poète à Saint-Benoît-sur-Loire par le peintre Roger Toulouse, les visages des poètes-amis : Marcel Béalu, Jean Rousselot...  mais aussi de Michel Manoll et de René Guy Cadou que je reconnais sur le champ, et dont les deux noms ne sont, hélas, même pas cités dans les commentaires de la voix off.

Cet extrait en noir et blanc est visible à la fin du portait ci-dessous consacré au poète Max Jacob à 41 minutes et 11 secondes avec un ralenti  sur, de gauche à droite : René Guy Cadou, Jean Rousselot, Marcel Béalu et Michel Manoll.





J'avais gardé ce portrait sur une vieille cassette VHS. Maintenant, je peux enfin la bazarder. Et revoir défiler autant de fois que je le veux, sur l'écran, le poète absolu de mes vingt ans !

vendredi 23 août 2019

Quand Lucien Suel découvrait Bukowski puis le publiait dans sa revue...


Un mail du poète Lucien Suel du 10 janvier 2017
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Cher François-Xavier,

Au vu de mes retweets, je pense que pas mal de personnes sont allées se réchauffer de ton côté. Encore merci pour cette publication sur ton blog Le feu central.

Concernant Bukowski, je l'ai découvert en 1973 dans le n° 6 de The Starscrewer édité par Bernard Froidefond. Il y avait deux poèmes traduits par Pierre Joris : Liberté et Quel homme j'étais. C'était la première publication de Bukowski en France !

Dans ce numéro, il y avait une présentation du livre Erections, Ejaculations, Exhibitions and General Tales of Ordinary Madness, qui sera plus tard publié en France sous le titre abrégé de Contes de la folie ordinaire. J'ai commandé ce livre directement chez City Lights à San Francisco dans les années 70. À l'époque, j'ai aussi acheté l'anthologie poétique parue chez Intrepid Press (Allen de Loach) à Buffalo (deux poèmes de Bukowski que j'ai traduits et publiés sont extraits de cette anthologie Bob Dylan et La fille dehors au n°1 de Strawberry Patch - de mémoire - mis en ligne sur mon blog Silo).

Grâce à Bernard Froidefond, j'ai commencé en 1977 une correspondance qui a duré une vingtaine d'années avec Claude Pélieu. Dans le groupe d'amis qui entourait William Burroughs à l'époque, il y avait Carl Weissner, un auteur allemand qui expérimentait le cut up. Carl a beaucoup fait en tant que traducteur et éditeur pour la connaissance de la Beat Generation et de la contre culture en Allemagne. Je correspondais avec lui car en 1978 j'ai repris la publication de Starscrewer (avec l'accord et l'aide de Froidefond).
Dans mon premier numéro (le 7), j'ai publié la traduction d'une nouvelle inédite de Bukowski (You kissed Lilly). C'est Carl Weissner qui me l'avait envoyée et avait aussi suggéré un titre différent (Bouffe la poussière, chien menteur !), une photocopie du texte tapé à la machine par Bukowski avec une note de lui au stylo disant " Je t'envoie ça Carl, ça n'a même pas encore été publié aux USA " et il avait joint la coupure de presse de LA Times dont il s'était inspiré pour raconter ce fait divers sordide.

Ceci dit, Pélieu lui-même m'a envoyé beaucoup de choses, de plaquettes, de textes, de manuscrits, collages....

Voilà, tu connais une partie de l'histoire.
Amitiés
Lucien
 
Lire la nouvelle inédite de Buk sur le blog du Silo de Lucien Suel

samedi 27 juillet 2019

Florentine Rey, un cheval savoureux au galop


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Née à Saint-Étienne en 1975, Florentine Rey, en poésie, c'est comme titrait Paul Éluard « une évidence poétique ».

Il suffit de prendre un de ses livres, de préférence le dernier, Le bûcher sera doux, publié en mai 2019 aux éditions La rumeur libre pour en faire l'implacable constat.

Florentine Rey, c'est une voix affirmée, percutante, drôle,
énergique, désirante, organique. On a hâte de la voir camper ses poèmes sur scène de tout son corps ; ça aussi, ça doit être quelque chose d'énergisant... car c'est également une performeuse, comme me le confirmait, il y a un peu plus d'un mois, un Frédérick Houdaer enthousiaste au téléphone.

Par instants, certains textes de l'auteure rappellent ceux de Pierre Tilman dans leur côté ramassé, limpide et leur impact immédiat :

                              Cancrelat power

Blatte au milieu de l'abattoir, je rôde entre les pattes des animaux.
Je m'infiltre dans le sol, traverse des couches de sang, d'eau et de boue.
Je cherche la cloche qui réveillera les chairs et permettra à tout le monde de reprendre son galop.

D'autres fois, je retrouve en elle la bravoure de Natyot, autre guerrière de la féminité. Et un état d'esprit assez similaire à un recueil qui m'avait marqué, au milieu des années 2000, La Ménagère cannibale de Béatrice Fontanel.

                              Ménagère au zénith

J'ai repeint la cuisine en jaune
ce sera l'été à l'année.
Je mets la tête sous la hotte
les fesses dans une casserole
je m'offre une croisière
la soupe attendra.

Si on peut considérer Florentine Rey comme une poétesse du quotidien, elle ne le célèbre pas pour autant à la manière d'un de Cornière ou d'un Vinau ; il me semble plutôt qu'elle l'empoigne pour le faire valdinguer ailleurs, peut-être, plus loin...

La vie quotidienne, l'imaginaire, la nature, la féminité, l'animalité, la fuite de l'amour et la faim du désir sont quelques-uns des thèmes privilégiés que Florentine Rey traite, de manière personnelle et singulière, avec fantaisie et pugnacité.

Je ne vais pas essayer de vous convaincre davantage - comme tant de critiques qui finissent par noyer le poète dont il parle dans un flot de propos hermétiques ou verbeux.
 

Mais j'aime l'énergie de la poésie de Florentine Rey ; on dirait qu'elle chemine en nous comme un cheval savoureux au galop...

                              Technicolor

Tu ne vas pas tomber, tu vas te nettoyer de toutes tes fumées, bouger ta grosse masse de flemme, tes grandes certitudes, tu vas cesser de camper sur le rond-point des âmes errantes, tu vas vider la décharge des émotions usées, tracter ta joie depuis les profondeurs, tu vas bouger ton cul et honorer ta vie.


le-bucher-rey
Dernières publications :
Le bûcher sera doux,  La rumeur  libre éd, coll. Poésie n°60, 2019.
Dé-camper, Gros Textes, 2018.

Je danse encore après minuit, Gros Textes, 2017. 

Son blog : www.florentine-rey.fr

jeudi 11 juillet 2019

Le Lundi et les autres jours, j'ai Piscine...


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Été 1987, on est très sérieux quand on a 16-17 ans
Un article que j'ai commis avec beaucoup de plaisir en maillot de bain, les pieds dans l'eau, et en me tournant, aussi, du bon côté du soleil...

C'est déjà un peu, beaucoup, comme un avant-goût de vacances dans le Sud-Ouest !

Une dédicace spéciale aux Copains-Copines d'hier et d'aujourd'hui...


La sélection thématique est à zyeuter ICI.

Bonne découverte !