Quand
vous n'avez pas mal aux orteils, au ventre ou à la tête, que dans
la journée les rendez-vous se suivent et que le pont que vous
bâtissez, ou le livre, ou la paire de souliers prend tournure
Quand
de surcroît le temps est bon et que le facteur jette dans votre
boîte le livre d'un ami
Ne
cherchez pas, c'est que la fête de la vie bat son plein.
Rétrospective
Quand
j'étais enfant, ma mère était ma mère. Les filles que je faisais
danser à cette époque sont devenues de vieilles femmes que je
croise dans la rue et qui sont ma mère. J'ai envie de danser avec
leurs filles. Mais je suis leur père. Et tout reste ainsi.
Un
enfant, un poème
La
bonne santé ne pèse rien près d'un poème qu'on s'arrache du
ventre, qu'on soulève à bout de bras, malgré les muscles qui font
mal et qu'on couche enfin par précaution avant de sortir dans le
couloir où votre compagne attend, elle aussi, silencieuse. Elle ose
maintenant faire du bruit, remuer les casseroles et proposer une
friandise pour ce soir. C'est le moment, oui, d'accepter et d'entrer
vainqueur dans la cuisine. Car beaucoup de poèmes meurent dans la
nuit et ceux qui restent, le lendemain, ne sont plus à vous.
3 extraits de Votre vie m'intéresse, Georges L. Godeau, le dé bleu, 1985, rééd. 2000.
« Godeau fait tenir en 8 ou 10 lignes ineffables ce que les analystes chevronnés de L'Express ou de L'Observateur ou du Monde n'atteignent, et pas toujours, qu'en 3 ou 4 colonnes... S'il avait été grand reporter, il serait mondialement connu... » Georges Mounin, La Quinzaine Littéraire.
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