Quand tu trouves dans la même journée, l'édition originale numérotée de oiseaux mohicans de Daniel Biga (1969) et celle des grandes épreuves de l'esprit de Henri Michaux (1966), tu te dis que des fois t'as vraiment des couilles de poète en or !
Un extrait d 'oiseaux mohicans de Daniel Biga, p.30-31 :
Homme né en 1940
-- c'était la guerre on a toujours eu peur de tout
dans la famille
où j'ai grandi
en sabots raison de mes pieds plats
je mangeais des topinambours de la polenta et des
figues sèches
Mon père n'était pas grec mais électricien
avec un nom du Piémont j'ai aussi le sang
d'un berger des Pouilles et d'une princesse
monténégresque
la tignasse
d'un corsaire maure qui séduisit une Catarina
Segurana
d'il y a bien longtemps
Nous avons des héros morts et des couards aussi
la gloire nous a salués en plusieurs langues
parfois dans les deux camps nel stesso tempo
de César Martell Guiseppe Clemenceau à Bidon V
Héraldiquement riches troupiers purs aryens sans
doute mélangés de
juif
comme tout le monde exactement
nous fûmes parfaitement inconnus et inutiles à
travers
les siècles des siècles
et il n'y a merci Pépé aucune raison pour que cela
change
le café est-il ciré le whisky dans le vécé les enfants
au frigo
dans une certaine aisance voyez-vous doublée de
pauvreté
C'est fait à l'étroit comme dans un cercueil
du 90 de large pour deux ça ne suffit pas
me voilà marié
aussi bêtement que mes ancêtres et pour que
leurs leçons profitent
nous durerons
sans grande convenance sans grand amour
par simple simplicité et pour arranger les choses
C'est fait tout va pour le mieux
je n'en dors plus
je me branle en pensant à d'autres filles
et aux destins hors du commun
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