Au milieu des années 2000, je t'avais écrit une lettre.
La première, sans doute, où je te taquinais.
Parce que Patrice Delbourg m'avait dit
que tu avais cessé d'écrire.
Et ça m'avait peiné bien sûr
d''apprendre ça
et je voulais t'écrire
pour en avoir le cœur net
Parce que
comme d'autres
j'avais tellement vécu
dans « la compagnie de tes poèmes »
(pour reprendre un mot de René Char
dans une réponse à Lucien Becker)
que je ne pouvais pas y croire…
Et ça t'avait chagriné d’ailleurs
ou plutôt mis un peu en pétard.
(Comment pouvait-on dire cela ?)
Tu m'avais alors répondu avec ta belle écriture
au feutre noir :
« j'ai des mots, des idées qui me viennent
encore
parfois
quand je pêche
de temps en temps
et que je laisse courir au fil
de l'eau… »
J'aimais bien cette idée-là
que la poésie pouvait nous échapper
comme un beau fleuve tranquille
qu'elle n'avait pas forcément
besoin de nous
pour exister
qu'elle pouvait revenir
à la terre
à la nature
aux choses premières
en quelque sorte
et continuer d’exister seule
sans l'intervention du poète
continuer à vivre
ailleurs
loin de lui (mais pas tant que ça en fait)
dans le bel éclat lumineux
d’une partie de pêche matinale
( courant / clapotis / amorce / fouetté de canne à
pêche
touches fines ou plutôt franches, avec l’épuisette tout
au bord de la berge. )
où le bouchon se fiche pas mal
du temps qui passe
pour juste demeurer
dans l’éternité paisible de l’instant.
Très beau
RépondreSupprimerMerci Murièle ! Tu es toujours attentive aux autres. Fait du bien !
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