jeudi 7 février 2019

Heptanes Fraxion, Prix de poésie « Le feu central » 2018


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© Photo F-X Farine - janvier 2017
pour son premier recueil publié, en septembre, aux éditions Cormor en Nuptial : « Il ne se passe rien mais je ne m'ennuie pas ».

J'ai découvert Heptanes Fraxion en 2013 grâce à l'émission poétique et musicale « Une étoile dans la gorge » d’Oslo Deauville. Après, je suivais régulièrement ses publications sur son blog éponyme : www.heptanesfraxion.blogspot.fr. Car ce poète possédait déjà un univers très personnel, une langue à lui, des images inédites : « soleil salive », « dans les virages les rames du tramway chantent comme des bélugas », « culs nus dans la mer leurs sourires les enlacent » mais surtout des textes percutants, tonitruants qui m'ont définitivement emballé. Même si on pouvait penser que cet auteur était a priori à mille lieues de ma sensibilité.
À chaque texte du dit recueil, j'ai encore été embarqué, retourné par ces poèmes-conversations, poèmes-paysages, poèmes déambulatoires où soliloque une cervelle en feu.

On peut voir en Heptanes Fraxion un lointain cousin de Blaise Cendrars. Je vois plutôt en lui un digne successeur d'Yves Martin, en plus enragé et en plus batailleur. Sa poésie est aussi celle d'un homme perpétuellement en marche, à l'affût de tout ce qui surgit autour de lui, fait écho ou interfère avec ses propres sensations (météo, environnement proche : relations familiales, travail, amours, faune hétéroclite, propos entendus, interactions entre les individus, etc.).

Poète en état d'insurrection, porte-flammes des anonymes du quotidien


Poète à la conscience aiguë, au regard tendre, écorché, Heptanes Fraxion boxe avec les mots et rentre dans le dur et le mou de nos vies avec une grâce et une énergie rares.
Sa poésie se cogne au réel et laisse apparaître la nudité, la fragilité et la vérité des êtres que le poète croise dans toutes ses haltes et dérives quotidiennes (cafés, parkings, zones industrielles, périphéries des villes, méandres des grandes agglomérations...) quand ils ne sont pas parfois des doubles du poète lui-même envers lesquels on peut déceler à la fois de la détestation, de l'exaspération, une dose redoutable de dérision et d'empathie également. 

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Comme l'a si bien écrit le poète Grégoire Damon en guise de postface au recueil, la poésie d'Heptanes Fraxion « hante les villes, mais surtout les gens » au-delà, précise-t-il, « des question de solitude, d’incompréhension, de familles dysfonctionnelles, d’amours qui meurent et de filles compliquées » et de l'ego de l'auteur « archétype du poète maudit » qui pourrait finir par agacer, si celui-ci n'était pas aussi talentueux et original dans la façon de dérouler ses poèmes, avec cohérence, violence, révolte, imprévisibilité, et aussi dans la façon d'aller à contre-courant et de s'attaquer de front à des problèmes trop souvent esquivés ou embrouillés en poésie sauf, peut-être, chez Charles Bukowski.

Enfin, cette « poésie crue, fraternelle, sans esbroufe, immédiatement reconnaissable » incarne pour moi le bouillonnement d'une écriture et le bouillonnement d'une pensée qui sont le fruit d'une individualité forte qui refuse les compromissions, s'acharne à débusquer le feu et l'échappée, derrière chaque visage et interstice de l'existence. Ce qu'Heptanes Fraxion appelle lui-même dans un de ses textes « l'éternité et le trou dans le grillage ».

Voilà pourquoi j'ai décidé de donner  symboliquement le 2e Prix de poésie du Feu central à Heptanes Fraxion pour son recueil, Il ne se passe rien mais je ne m'ennuie pas, publié à l'enseigne des très chouettes éditions belges, Cormor en Nuptial, de Gaël Pietquin.

Il s'agit, vous l'aurez compris, du recueil qui m'a le plus secoué et convaincu cette année !

>> Se procurer le recueil auprès des éditions Cormor en Nuptial.
Contact : cormorennuptial@gmail.com
Prix : 18,50 Euros (Belgique) ; 23,80 Euros (France).

>> Contacter le poète sur Facebook pour avoir sa petite étiquette-dédicace, ça marche aussi.

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