lundi 9 juillet 2018

Marc Guimo en « Full Metal Poète » tandis que Jean Marc Flahaut et Frédérick Houdaer font leur Cinéma

Deux recueils de poésie qui sortent des « chantiers » battus en ce moment :

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La poésie, personne n’en lit de Marc Guimo
La Boucherie littéraire, mai 2018
12 €
 

Marc Guimo, c’est le fils de Bukowski qui aurait été cloné avec Simon Allonneau. Sa poésie est lucide, décapante, drôle, énergique, moderne et revitaminante ! Je ne m’étais pas trompé en pariant sur ce sbire, l’an dernier !
« Prenez un lieu commun, frottez-le, vous ferez œuvre de poète » disait Cocteau...
Dans ce recueil, Marc Guimo, lui, se saisit du mot « poésie » dans toutes les acceptions du terme.
Il s’approprie aussi tous les lieux communs qui gravitent autour de celle-ci : poète, écriture, inspiration, public, éditeur, lecteurs, non-lecteurs pour mieux la réinterroger, la redynamiter, lui réinsuffler un surcroît de vie, quelques particules hautement radioactives, afin d'affoler cette jeune fille ou vieille maîtresse corsetée qui serait tellement plus belle à poil et en liberté… 

Un extrait :

Leçon de poésie niveau IV 

Laisse les étoiles tranquilles
leur cadastre est déjà impeccable


Laisse le cœur dans la poitrine
tu n’es pas médecin

Laisse la nuit aux veilleurs
et la nature aux espèces disparues

Laisse ton être et ton âme
picoler dans un coin

Laisse la vie devenir capitaliste
et la mort communiste

Laisse l’éternité faire du stop
et se planter de route

Laisse les fleurs se vendre
et adoucir les couples


Laisse tes morceaux
mijoter une heure ou dix ans


Ça va aller
n’écris pas tout de suite

Tu es trop propre
tu n’es pas prêt

Ce n’est pas toi que tu cherches
on s’en fout de toi

Tu peux calculer tous les jours
le diamètre de ta sphère

Le petit vieux marrant du rez-de-chaussée
est plus important

Le jour des encombrants
est plus important

Des sachets plastique s’accrochent aux arbres
drapeaux blancs de ta banlieue

Si tu veux des signes va les chercher
négocie chaque chose que tu vois

Ne te laisse pas faire
Ne te laisse pas faire


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Le catalogue des éditions la Boucherie littéraire


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Cinéma inferno
de Jean Marc Flahaut et Frédérick Houdaer
Le pédalo ivre, juin 2018
11 €


Cette belle association de « malfaiteurs » nous propose (en poésie) une Histoire fragmentaire du cinéma des années 70-80 . C’est culotté et bien envoyé. On retrouve bien sûr l’originalité et l’iconoclastie de l’un et l’autre des deux poètes, sans pouvoir toujours distinguer, dans chaque texte, la voix de l’un ou de l’autre. Preuve que la fusion a bien opéré sur la table de montage d'après rushs.
Se succèdent avec brio une alternance de textes longs et courts, mêlant l'enfance et l'adolescence des deux loustics à des anecdotes cinéphiles, des évocations de films (grand public ou indépendants) ou d’actrices et d’acteurs qui prolongent l'engouement et la rêverie vers notre propre cinéma intérieur !

Un extrait :

MON COEUR V.H.S MIS À NU

1.
mixer Starfix et Rutebeuf
MadMovies & Baudelaire
Fante & les pornos de Marc Dorcel
une adolescence dans la France des années 80

2.

n'avoir pour seul vocabulaire anglais
que celui qui compose les titres des films d'horreur
programmés au Festival d'Avoriaz chaque année
lorsque mes propres parents

se sont mis au même âge
à parler couramment la langue des Beatles
en écoutant les Beatles justement

3.
revoir vingt fois Le locataire de Polanski
n'était pas une erreur
l'infliger aux jeunes filles qui m'intéressaient
en était une

ne le comprendre
en rire
que vingt ans après
en me souvenant de la panique de x
de la fuite de y 

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