À la lente agonie du monde
l’Amérique qui offre des fusils d’assaut
à ses enfants
l’exil d’une vedette du show-biz sur lequel
tout le monde s’apitoie ou condamne
aux déclarations guerrières d’un Président
fier dans ses bottes
dans son nouveau costume de va-t-en-guerre
à la révolution
d’une tempête de neige qui, seule,
semble secouer le pays
depuis deux décennies
j’ai préféré les larmes
de Dominique Rocheteau
dans les vestiaires de Geoffroy-Guichard
à la fin du match
Saint-Étienne-Lille
l’idole de ma jeunesse
l’Ange vert
était ému comme un gamin
parce que son club
venait de se qualifier
trente-et-un ans plus tard
pour la finale
de la Coupe de la Ligue
J’ai préféré ça, oui !
les larmes sensibles
et sans fard
de ce gentil héros d’hier
redevenu tout à coup
cet homme bouleversé
par ses propres larmes
et la liesse des supporters
qui envahirent le terrain
juste après
dans la joie spontanée de l’instant
devant des policiers
eux-mêmes désarmés
et médusés
je me suis senti tout à coup
réconcilié
avec l'Homme de la rue
dont on a souvent essayé
de me soustraire à la troublante effigie.
© Inédit.
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