mercredi 27 janvier 2021

Salon littéraire


Je reviens de mon premier salon littéraire
en pleine nature
une guest-star a remporté
tous les suffrages
ses groupies
ont traversé le chapiteau de toile
sans jeter un œil
à mon second ouvrage
mais ce n'est pas si désagréable
finalement                                                     
de devenir un grand transparent
j'ai observé l’œil amusé
tout ce petit monde
qui se touchait du moi
à l'heure de midi
cet écrivain franco-serbe
plutôt jeune
qui déplaçait les cartons
pour ne pas être assis avec des confrères
qu'il jugeait indécents
à sa table
et dont il n'avait pourtant pas lu
la moindre ligne
je songeais alors à Kundera :
« Le roman doit semer
des points d'interrogation à l'infini... »
j'écoutais aussi
cette attachée de presse
volubile
d'un festival de poésie
qui, lorsque je lui parlais
de Pierre Tilman,
baissa soudain les yeux
vers son assiette vide
puis cet autre romancier
qui avait tout fait
et me citait Eric Poindron
comme légataire testamentaire
du Castor Astral
et écrivait comme une turbine
comme si les livres
ne méritaient-ils pas un meilleur sacrifice
ou cette auteure de BD
mutique
qui aurait pu être sympathique
mais qui, tout à l'heure,
ne participera pas
à la performance littéraire
qui nous attend
de l'autre côté de la pièce
où Éric-Emmanuel Schmitt
(sourire ultra chic
et costard adipeux)
fait
un tabac
qu'on ne s'entend plus
rendant impossible
ma lecture à voix haute   
et par la même occasion
mon entrée fracassante en littérature.

(© François-Xavier Farineextrait d'un recueil inédit.)

2 commentaires: